« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. »

Cette petite phrase, bien connue de Jean Anthelme Brillat-Savarin, avocat (et pas que fromage), auteur culinaire amateur, on la retrouve dans la préface du très sympathique livre de cuisino-thérapie qui donne le titre à cet article :  il disait – déjà – au 18ème siècle le lien étroit entre le fait de manger et la personnalité de celui qui se nourrit. Le livre dont on parle ici parle plutôt de celui/ celle qui cuisine et la façon qu’il/elle a de la faire, et ce que cela dit de lui / d’elle.

J’ai reçu le livre d’Emmanuelle Turquet en décembre et je n’en parle que maintenant : d’une part, parce que j’ai tardé à le lire (ou plutôt à répondre aux questions du livre), et parce qu’il m’a fallu un peu de temps pour savoir comment en parler. Pour faire simple, le livre analyse à travers différentes questions le rapport que nous entretenons à la cuisine (dans son ensemble : acheter, préparer, assembler, présenter un plat et en parler !) : est-ce un outil de valorisation sociale ? de compétition (façon Top Chef) ?
Sans être une grande fan que développement personnel et de psychologie, j’ai découvert pas mal de choses sur ce que ma façon de cuisiner disait de moi en répondant aux questionnaires qui sont proposés tout au long du livre :

  • J’ai été un peu scotchée de voir que l’expression culinaire que j’employais le plus dans ma vie de tous les jours  était « se mettre la rate au court-bouillon » : venant d’une grande et longue lignée d’anxieux et d’angoissés, je me suis dis que définitivement cette marque de fabrique me suivait jusque dans mon rapport avec mes casseroles,
  • Je me suis interrogé sur quel était mon aliment « doudou », et c’est pour moi le beurre salé, qui me rappelle mes vacances enfants en Bretagne. Et la ratatouille de ma Grand-Mère (oui, comme dans le dessin animé de Pixar),
  • J’ai trouvé mon plat de signature, le fondant au chocolat, celui que je sais faire de tête sans recette sous les yeux, dont je connais le temps de cuisson presque à l’odeur. Celui que je fais à ma plus vieille amie quand nous nous voyons et pour tous les anniversaires de mes enfants et qui ne rate jamais… Un plat rassurant et maîtrisé (vous la voyez arriver la grande angoissée et sa batterie de casseroles ?).

Souvent on m’a demandé pourquoi j’aime faire la cuisine et j’avoue que j’avais plusieurs réponses (en fonction des plats), mais dans l’immense majorité des cas, je répondais :

  • parce que j’aime manger (ben oui, c’est bête mais évident) et ce depuis toute petite (sauf la viande rouge que je n’ai jamais trop aimée) !
  • j’aime faire plaisir à ceux que j’aime, et je crois que la cuisine est une des meilleures façons que je connaisse pour exprimer mon amour à mes proches,
  • faire la cuisine me détend ! Je suis manuelle depuis toute petite et j’aime éplucher, couper, assembler : j’aime FAIRE !
  • je pense pouvoir dire aujourd’hui aussi que la cuisine m’apaise et calme mes angoisses, c’est un lieu où je ne me mets pas en danger ou en compétition, et ou je peux être créative sans avoir à attendre quoi que soit (je cuisine pour ceux que j’aime, je ne suis pas une mondaine, je ne reçois pas à ma table pour faire joli dans le décor). Et jamais je ne prendrai le risque de faire à des invités un plat inédit parce que j’aime les situations maîtrisées… inutile de vous dire que les compétions culinaires et autres émissions stressantes sur la cuisine, ce n’est vraiment pas pour moi !

Et j’ai vu compris d’autres choses également en lisant ce livre, comme ma façon de faire les courses : longtemps, je me suis demandé pourquoi je pouvais me sentir mal à l’aise dans un hyper/super marché, pourquoi systématiquement je m’y perdais (je mettais en cause mon légendaire sens de m’orientation), pourquoi devant un mur de yaourts je ne savais que prendre (du coup, j’ai acheté une yaourtière), comment un rayon de gâteaux pouvait me donner mal à la tête et comment j’évitais soigneusement le rayon viande… et plus je lis sur l’alimentation, moins je peux mettre les pieds dans un supermarché !

Bref, je suis une angoissée, mais maintenant que je le sais, rassurez-vous, je me soigne : je cuisine !

Dis moi Comment tu cuisines et je te dirai qui tu es !
Emmanuelle Turquet
Editions Jouvence – 19,90 euros