« Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. »
Du Côté de che Swann – Marcel Proust
C’est un peu facile de démarrer ce billet de la recette des madeleines avec ce célèbre passage (elle vient là, la fameuse « Madeleine de Proust »), mais j’ai toujours trouvé que ce petit gâteau avait une place à part dans la mythologie culinaire. Bien entendu à cause de ce passage ultra connu d’ A la Recherche du Temps Perdu. Peut-être aussi parce que l’origine de ce gâteau en forme de coquillage est liée (selon les sources) au pélérinage de Saint Jacques de Compostelle (La coquille Saint Jacques étant le signe des pélerins, et je vous laisse voir Wikipedia pour le reste de l’histoire). Même si je ne suis pas naïve au point de penser que Proust est un écrivain ultra populaire (mais l’expression « Madeleine de Proust » est malgré tout assez largement utilisée pour évoquer un souvenir d’enfance) et que le pélerinage de Saint Jacques de Compostelle et ses rites sont connus de tous, tant pis, la madeleine, je persiste et je signe, est un petit dessert à part. C’est donc avec un plaisir particulier, que j’ai préparé des madeleines avec mon petit bout qui me demandait des gâteaux en forme de coquillage (ça doit être ça l’inconscient collectif, parce que je vous garantis qu’à son âge, il n’a pas lu Proust et que les coquilles Saint Jacques, il en a juste mangé sans la coquille…).
Recette pour environ 20 madeleines
– 125 gr de beurre salé et doux (moitié – moitié)
– 175gr de farine
– 125 gr de sucre en poudre
– 1 sachet de levure
– 3 oeufs
et pour le petit goût qui va bien : soit un zeste de citron, soit un zeste de mandarine ou d’orange en saison, soit quelques gouttes d’extrait d’amande amère.
Sortir le beurre du réfrigérateur pour qu’il soit mou. Lorsque le beurre est bien ramolli, le fouetter vigoureusement avec le sucre. Puis ajouter un à un les oeufs, mélanger entre chaque oeuf. Ajouter pour finir la farine, la levure, mélangez et terminezen ajoutant votre zeste d’agrume ou votre extrait d’amande amère. Préchauffer votre four à 150 degrés. Remplissez vos moules à madeleines (c’est plus facile avec les gros modèles) environ à la moitié de chaque moule et enfournez pour 20 minutes de cuisson. Sortir dès la fin de la cuisson vos madeleines du four (ne pas les laisser sécher dans le four)et laissez-les refroidir avant de les goûter.
Et dégustez avec un bon thé, ou une vraie bonne verveine… ou peut-être comme moi, avec une superbe confiture de figue maison, offerte par une gentile collègue de bureau 😀 Un autre délicieux petit goûter d’automne. Et une recette que je dédie à ma consoeur de blog, grande grignoteuse de madeleines (uniquement le matin 😉